Dans un logement traditionnel d’environ 100 m², les fuites non souhaitées dans l’enveloppe du bâtiment peuvent représenter plus de 600 cm² (soit une surface équivalente à une feuille de format 21 x 29,7 cm)…
Elles laissent, d’un côté, s’échapper l’air et la chaleur et, de l’autre, pénétrer le froid et l’humidité. Elles gênent également le bon fonctionnement du système de VMC du logement en créant un court-circuit dans la circulation de l’air.
Le renouvellement de l’air n’est alors plus maîtrisé avec pour conséquences de l’inconfort pour les occupants (courants d’air, parois froides, fluctuation des températures…) et des déperditions énergétiques 2 ou 3 fois plus élevées.
La combinaison gagnante pour un habitat sain, confortable et économe en énergie : isolant performant + étanchéité à l’air + ventilation maîtrisée ! Ce qui implique, en rénovation, de ne pas oublier d’installer une VMC simple ou double flux lors des travaux d’isolation et d’étanchéité à l’air.
Outre l’aspect énergétique, les bénéfices d’une étanchéité à l’air sont multiples et concernent également la qualité de l’air intérieur, la conservation de l’état du bâtiment (en évitant l’apparition de condensation et moisissures pouvant avoir aussi des répercutions sur la santé) ou encore le confort thermique et acoustique des occupants.
Gwénolé Lees, Chef de projet Constructions Durables - Eco-chantiers - Division Bois et Matériaux chez Woseley France*. |
« La performance d’étanchéité à l’air d’une construction repose sur 4 grands principes : une bonne conception, de bons produits, une bonne mise en œuvre et une bonne coordination. La conception doit limiter les sources de déperditions et les flux traversant l’enveloppe en favorisant l’installation des gaines de service dans les volumes chauffés.
Les produits spécifiques à l’étanchéité à l’air (écrans, membranes, adhésifs…) doivent être compatibles entre eux et répondre aux exigences réglementaires. En phase chantier, la coordination entre les différents intervenants doit préciser les limites de leur intervention et les points singuliers qu’ils ont à traiter.
L’étanchéité à l’air ne peut pas être la préoccupation du dernier intervenant! La mise en œuvre doit assurer la continuité de l’étanchéité de l’enveloppe du volume chauffé avec des liaisons étanches au niveau des lès de la membrane d’étanchéité à l’air, à l’interface des différents ouvrages (mur/ menuiserie/ toiture/ plancher) et au niveau des points singuliers : trappes, matériels électriques et hydrauliques, compteur électrique…
Aux étapes clefs, notamment à la mise hors d’eau et hors d’air, des tests intermédiaires sont à réaliser pour repérer les éventuelles fuites et les corriger avant la fermeture des parements et gaines techniques. Une précaution qui simplifie les corrections sans destruction des ouvrages finis. »
* Wolseley pour Réseau Pro a lancé un nouveau “Guide d’étanchéité à l’air”.
Le principe fondamental est de réaliser une peau hermétique et continue en assurant des liaisons étanches à l’interface des matériaux et des jonctions des différents ouvrages.
Bien que les murs ne constituent que 2% des fuites sur une maison, ils restent malgré tout un point à traiter pour atteindre les objectifs de la RT 2012.
Un mur en béton banché est étanche à l’air à condition de reboucher les trous des banches, de traiter les joints de dilatation et, dans le cas de murs béton préfabriqués, la jonction entre panneaux (joints mousse précomprimé imprégnés de résines synthétiques).
Un mur en blocs maçonnés (parpaing, brique, béton cellulaire…) ne constitue pas une paroi suffisamment étanche même si l’enduit extérieur joue un rôle d’étanchéité à l’air. Reste qu’il est délicat d’assurer la continuité de cet enduit avec les éléments de construction comme les menuiseries, la toiture…
Il est donc recommandé de prévoir :
A retenir :
Conseillée en murs maçonnées, la membrane d’étanchéité à l’air est réglementairement obligatoire en construction bois et en combles.
Les menuiseries sont la cause de 40% des fuites d’air : défauts du composant lui-même, de la liaison avec le mur, de la pose ou encore combinaison de tous ces éléments…
Sur le choix de la menuiserie, l’indicateur “A” du classement AEV donne une information sur l’étanchéité à l’air. Quatre classes, de A*1 à A*4, de performance croissante, garantissent un indice de perméabilité à l’air de 50m3/h/m2 à 3m3/h/m2 pour les plus performantes.
Une menuiserie A*4 laisse passer 3 fois moins d’air qu’une menuiserie A*3 ! Au-delà des propriétés intrinsèques au produit, le maintien des performances d’étanchéité à l’air est conditionné par la mise en œuvre.
Il faut donc surveiller la réception du gros-œuvre (et plus particulièrement le respect des tolérances dimensionnelles des tableaux), respecter les préconisations du DTU 36.5 en termes de calfeutrement, assurer une liaison continue entre le dormant de la menuiserie et le gros-œuvre.
L’étanchéité à l’air sera renforcée par la pose d’une membrane flexible non tissée munie d’une bande adhésive (simple, double face ou autocollante prépliée) au pourtour de la menuiserie.
Selon les configurations, cette membrane sera liaisonnée au pare-vapeur par un adhésif simple, à un voile béton par un adhésif butyle ou à un enduit par une grille ou une colle plasto-élastique.
Dans le cas d’une pose en tunnel, on peut également utiliser des joints mousses pré-comprimés imprégnés de résines synthétiques assurant tout à la fois l’étanchéité à l’air, à l’eau et l’isolation.
Concernant les volets roulants, quatre classes croissantes d’étanchéité à l’air, C1 à C4, sont définies dont bénéficient les coffres tunnels dernière génération intégrant un profil réglable d’étanchéité à l’air de classe 4 et un niveau à bulle intégré. Les fabricants ont également développés des coffres demi-linteaux avec ouverture par l’extérieur.
A retenir :
Les sollicitations mécaniques sur la menuiserie imposent un travail soigné à la jonction dormant / gros-œuvre.
Le passage des gaines représentent environ 38% des fuites d’air. Leur distribution doit donc être prévue dès la conception pour réduire les points singuliers… Ventilation, électricité, eau… tous les réseaux doivent avoir été conçus pour traverser l’enveloppe étanche en un minimum de points et, si possible, avec un point de pénétration unique par réseau.
Pour ce faire, il est, par exemple, recommandé d’intégrer le tableau électrique dans le volume chauffé et de réaliser tous les réseaux du côté intérieur de la couche étanche en prévoyant le passage d’une partie des fluides dans un vide technique en cloison ou plafond pour ne pas endommager le plan d’étanchéité à l’air.
Lorsque les traversées sont obligatoires, il faut alors prévoir des fourreaux de protection garnis de feutre bitumineux, de mousse résiliente ou mousse en PU, des manchons en caoutchouc EPDM… avec, en complément des manchettes adhésives, des joints mastics ou un calfeutrement étanche tout autour des gaines.
Détail pratique, il est indispensable d’avoir prévu, en amont, un espacement suffisant entre les différentes gaines pour pouvoir réaliser facilement le calfeutrement en continu… Les trappes d’accès aux gaines techniques doivent également être munies d’un joint périphérique étanche entre dormant/bâti et parties ouvrantes/dormantes.
En électricité, l’emploi de produits spécifiques peut être nécessaire comme l’utilisation de boîtiers électriques possédant une membrane d’étanchéité ou de bouchon d’étanchéité entre fourreaux et câbles avant la distribution intérieure lorsque le tableau électrique est hors volume chauffé.
A retenir :
Limiter le nombre de percements du système d’étanchéité à l’air.
De plus en plus d’industriels, tous secteurs confondus, proposent des formations axées sur la perméabilité à l’air.
Source : batirama.com / Virginie Bourguet
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Je suis étonné par le commentaire du point 1, 2° alinéa : "une membrane type pare-vapeur, ... positionnée sur la maçonnerie avant la réalisation de l’isolation intérieure ou d’une contre-cloison."