C’est le premier projet d’envergure né de la volonté de la Communauté de communes du Pays de Châteaugiron et de la ville de Noyal-sur-Vilaine (35). Pour cet espace Éco-chanvre, destiné à valoriser cette plante et ses applications, et agrémenté d’une maison de famille, ces collectivités ont investi 3,6 millions d’euros HT. Et veulent un projet exemplaire.
D’abord, cette opération a été inscrite dans le cadre d’un Agenda 21. Elle se situe à un jet de basket d’un Éco-pôle voué à réunir des entreprises inscrites dans une démarche d’innovation, de préférence dans le secteur du bâtiment.
Ensuite, cet espace Éco-chanvre d’une surface de 1 900 m2 en rez-de-chaussée, avec murs en béton armé de 20 cm d’épaisseur et ossature bois, possède une enveloppe performante dans un objectif BBC.Par conséquent, une attention particulière a été apportée à l’étanchéité à l’air.
Le maître d’œuvre SOA Architectes a notamment choisi de laisser le chanvre apparent dans l’espace d’exposition dédiée à ce matériau. Objectif : exploiter ses caractéristiques physiques et architecturales. Les murs en béton de chanvre vont ainsi pouvoir démontrer leur capacité à améliorer le fonctionnement hygrométrique et la température surfacique des parois.
Cet espace Éco-chanvre comporte une autre particularité : une toiture en résille Kerto, avec sur-toiture en bois, constituée de chevrons à hauteur variable et d’un panneau OSB pour créer les pentes de couverture et supporter l’isolation thermique et l’étanchéité.
« Il fallait quelque chose de très esthétique », annonce d’emblée Cyril Quenouault, chargé d’affaires chez Cruard Charpente, à Simplé (53). Composée de membrures en Kerto S, la résille présentait une technicité élevée.
Ses caractéristiques : une portée à franchir allant jusqu’à 16 mètres entre appuis, des coursives périphériques avec un porte-à-faux de 2,10 mètres et des assemblages quasi-invisibles aux intersections des membrures par plat métallique interne.
Pour atteindre une résistance et une raideur suffisante, le bureau d’études Egis Bâtiment Centre Ouest a mené les calculs des poutres de résille en considérant une section en T, et ainsi profiter de l’inertie apportée par le panneau de Kerto-Q posé à plat et liaisonné aux poutres par vis de couturage.
Une phase études également primordiale pour le bureau d’études intégré de Cruard Charpente, « nous avons calculé toutes les sections et le nombre de vis, dont certaines sont présentes tous les 4 cm, afin de reprendre le cisaillement », poursuit Cyril Quenouault.
Une fois un gabarit mis au point avec tous les détails d’assemblage au niveau des membrures et des angles, « nous avons opté pour la préfabrication. Elle nous permet de s’assurer de la qualité de la charpente, de la sécurité de la mise en œuvre, et de ne pas exposer cette dernière aux intempéries qui a d’ailleurs été lasurée.
Nous avons vraiment poussé les études en amont, afin d’éviter toutes reprises derrière. Nous n’aurions pas su faire ». Résultat : pas moins de 60 modules pouvant atteindre jusqu’à 21 mètres pour 2,5 tonnes ont été fabriqués. Et posés sur une phase d’environ trois semaines, grâce au savoir-faire de l’entreprise Cruard Charpente dans le levage de grands éléments.
Source : batirama.com / S. Lacaze Haertelmeyer
La solution développée par Metsä Wood (Ex-Finnforest) est très performante pour la structure. Notamment en raison de son process de fabrication : ce panneau est formé à partir de placages d’épicea obtenus par déroulage, comme avec un taille crayon.
Les placages de 3 mm sont assemblés avec des joints scarfés – une technique d’assemblage qui maximise la surface de contact - et décalés. Ils sont ensuite collés à chaud sous haute pression. Le Kerto S, qui a représenté 86 m3 sur ce chantier, est produit avec l’ensemble des placages orientés dans le même sens.
Et le Kerto Q, qui lui a concerné 46 m3, présente une plus grande stabilité dimensionnelle. Il est conçu avec 20 % de plus croisés à 90°, pour une humidité inférieur à 4 % à la fabrication, et de l’ordre de 12 % à la livraison.