Le logement social partenaire de la RE2025 ?

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Batimat vous donne rendez-vous du 30 septembre au 3 octobre a porte de Versailles, à Paris

Le secteur du bâtiment fait face à des défis majeurs : crise de la construction neuve, évolutions réglementaires et transition énergétique. Rdv sur Batimat pour envisager le futur de la filière.

Maître d’œuvre du calcul E+C- en 2016, l’ancienne ministre et actuelle présidente de l’USH, Emmanuelle Cosse, peut se demander, à quelques mois de 2025, quelle position adopter face au palier émissif que le bâtiment s’apprête à franchir dans un contexte climatique toujours plus catastrophique, mais qui n’a rien à envier avec le contexte du marché de l’immobilier de logements.

Maxence Brquerie détaille l'opératon HAHA de logements sociaux individuels en bois à Maxéville. © Forum FBC

Tout comme le congrès HLM veut renouer avec la présentation de réalisations architecturales, le Forum accueille depuis dix ans, chaque année, les bailleurs sociaux afin de leur présenter un florilège des réalisations architecturales en bois et biosourcé. Cette année, l’atelier a été déplacé afin de le lier à la signature du Pacte bois biosourcé par des bailleurs du Grand Est. De fait, l’équipe du prescripteur Christian Kibamba est parvenue à entraîner une dizaine de bailleurs de la région, s’engageant à construire en bois à hauteur de 10 % pour l’engagement bronze, 20 % pour l’argent et 40 % pour l’or.

Pacte pour le climat, vraiment ?

Après l’Île-de-France, plusieurs autres régions ont procédé au lancement du PACTE et des signatures sont attendues pour un nombre au moins comparable, avec la perspective de couvrir le territoire, tout en développant, en partant de l’Île-de-France, une phase 2. Alors qu’en 2022, le PACTE avait surtout mobilisé Le Toit Vosgien qui ne construit qu’en bois, et Vosgelis, l’adhésion des bailleurs du Grand Est était cette fois manifeste, un peu comme au Forum de Lille en 2023.

Renée Floret-Scheide présente une rénovaton quasiment achevée de grandes tours d'habitations au Mans. © Nicolas Girod.

Reste à savoir ce qui se cache en pratique derrière cet engouement. La dernière crise des HLM autour de la crise financière avait sommé les organismes à se regrouper, ce qui leur a fait perdre un précieux savoir-faire de conception biosourcée, au profit d’une activité de rachat de logements en VEFA. Ce n’est que progressivement que les structures plus grandes reprennent la main et la place que le logement social a presque toujours eu en France, à savoir le grand laboratoire de la construction de l’habitat.

Incontournable Maxéville

Les conférences de l’atelier B3 du dernier Forum témoignent de cette reprise en main. À Nancy, l’héritage des immenses barres est digéré avec des déconstructions partielles avec un réemploi massif dont profitent des opérations de construction de lotissements individuels en bois pensées par des pointures comme HAHA. Dommage que ce chantier n’était pas fini en avril et qu’il manquait les coûts de ce chantier retardé comme tant d’autres, et qui aurait pu attendre le Forum de 2026 sans doute de nouveau à Épinal et Nancy. En tout cas, l’expérience menée actuellement sur le plateau de la Haye a une portée nationale. Les immenses barres de l’architecture sociale moderne baptisée de noms d’arbre comme Tilleul ou Cèdre abritent dans leur ombre de nouvelles résidences compactes et préfabriquée en construction biosourcée avec réemploi de ce qu’il est possible d’utiliser.

CDC Habitat leader de l’innovation biosourcée

Du côté du bailleur CDC Habitat, l’atelier montre une démonstration de force. Au sein de la riche commune du Vésinet (Yvelines), une délicate extension-surélévation-réhabilitation que l’architecte Stéphane Cochet ne se prive pas de chiffrer précisément, afin de montrer que ce type d’exercice est aussi vertueux sur le plan financier. Il faut simplement disposer d’équipes qui considère que ce type d’intervention constitue de fait la grande architecture d’aujourd’hui.

Signature du PACTE Bois Biosourcé, second élan après 2022 et succès. © Nicolas Girod

Même approche à Sarcelles, où l’agence Equateur, très tôt engagée dans la rénovation, montre toute la noblesse de ce positionnement. Marc Besnard, en bon enseignant d’architecture, respecte le travail des constructeurs de cette ville nouvelle et son intervention de rénovation notamment thermique sur deux ouvrages de type barre-tours appelées familièrement les Biscottes, sont l’occasion de comparer sous tous les angles les qualités d’une approche de type Techniwood et celle du système F4 d’Isover.

Comment financer Energisprong ?

Léon Grosse, qui a repris Techniwood, lui en saura gré, à une époque où l’approche Energisprong, environ dix ans après son lancement en France, démarre enfin. L’atelier et la présentation de l’agence Floret-Scheide n’a pas eu le temps d’entrer dans les arcanes financières d’opérations dont la plupart sont encore à l’étude, mais qui font comprendre enfin que la recherche de l’énergie zéro passe par la façade en bois, voire le bardage en bois. Car selon Floret-Scheide, ces bardages permettent de faire de l’architecture en jouant sur la profondeur. Ainsi, les loggias deviennent aussi des balcons, la profondeur des façades rapportées devient un enjeu de confort de vie et de confort visuel.

Emmanuelle Cosse préconiserait Energisprong partout si le montage financier des opérations était facile. Quant au plot parisien de Philippon-Kalt dans la ZAC Paul Bourget Gerda Taro, il est clair que ces logements intermédiaires qui accumulent 107 kg de produits biosourcés par m² et s’ouvrent sur de vastes balcons ne rentrent pas dans les enveloppes courantes. La ZAC autour est complètement en béton, même si KOZ avait tenté la construction bois avec Totoro.

Le logement social biosourcé en panne à Paris

On est à peu près dans le ratio bronze du PACTE, même si Elogie Siemp se rapporte en fait à une Charte de Francîlbois signée il y a dix ans. Pour ce qui est du PACTE, le bailleur vient de livrer le projet Lathuille avec Ram Dam, un projet de grande qualité mais de petite taille. Pour l’instant, les bailleurs parisiens ne sont plus vraiment dans le coup si on les compare aux Nantais. Une petite opération rue van Loo, la Tour Commune enfin en construction avec l’agence WOA pour Paris Habitat, les permis de construire biosourcés pour Chapelle Charbon … La doctrine des sapeurs-pompiers de la préfecture de Paris semble avoir fait son œuvre. D'un autre côté, on comprend bien que le focus est désormais la rénovation des HLM périphériques et que la construction biosourcée a du mal à y jouer un rôle majeur.

On attend le congrès HLM pour palper l’engagement climatique des bailleurs, puis la mise en application légale de la RE2025, et le passage du PACTE bois biosourcé d’Île-de-France en phase 2 au 14e Forum Bois Construction pour comparer l’engouement du logement social parisien à celui du Grand Est et des Hauts-de-France.

Source : batirama.com / Jonas Tophoven  © Michel Laurent