Depuis de nombreuses années, la performance énergétique des bâtiments ne cesse d’être le cheval de bataille des Pouvoirs publics, demandant, au fil des textes règlementaires, des respects d’exigences de plus en plus drastiques pour les constructions.
A l’heure actuelle, dans le but de garantir la qualité de la mise en œuvre, seul un test de perméabilité à l’air est imposé par la Réglementation Thermique 2012, à tout type de constructions, qu’elles soient maisons individuelles, maisons en bandes ou immeubles d’habitation collectifs. Mais cet outil ne permet pas d’observer tous les types de défauts dans un bâtiment et la thermographie infra-rouge pourrait être un bon complément à l’analyse.
C’est ce que défend notamment l’Institut de la Thermographie avec, bien entendu, Dominique Pajani son ex-président-fondateur, mais avec beaucoup de mise en garde. C’est probablement la raison pour laquelle les ministères s’interrogent encore beaucoup…
Car si la thermographie est une technique très simple à mettre en œuvre, les images de capture et les mesurages qu’elle combine n’en sont pas moins complexes à interpréter et demandent, ainsi, une certaine expérience. La preuve en est avec les résultats de l’étude qui a été faite dans le cadre du programme d’accompagnement des professionnels “RAGE 2012”.
Si cette technique vous attire, prenez donc garde aux paramétrages et aux interprétations !
©Chauvin Arnoux
D’après la norme NF EN 13187, la thermographie est une technique qui permet de visualiser et de représenter la répartition de température sur une partie de la surface de l’enveloppe d’un bâtiment.
D’une manière générale, tout élément dont la température est supérieure au zéro degré Kelvin (soit -273,15°C) émet un rayonnement infra-rouge, invisible à l’œil nu. A l’échelle du bâtiment, la température des constituants de l’enveloppe, et donc leur rayonnement, peut être plus ou moins influencée selon les mouvements d’air présents en surface et/ou à travers l’enveloppe.
C’est la répartition de cette température qui peut permettre de détecter des irrégularités thermiques, quelle que soit leur origine (défauts d’isolation, humidité, infiltrations d’air, etc.). La thermographie infra-rouge est la technique qui permet, à l’aide d’une caméra de détection infra-rouge, de visualiser cette répartition.
La caméra infra-rouge produit ainsi une image thermique, appelée thermogramme, qui représente l’intensité relative du rayonnement thermique de la surface de la zone observée, dépendante de la température et des caractéristiques de la surface, des conditions ambiantes de réalisation du thermogramme et des caractéristiques de la caméra utilisée. Le technicien réalisant le thermogramme est un thermographe.
Dans le cadre du programme RAGE 2012, la CDPEA* a mené une étude pour tenter de savoir s’il était raisonnable de penser que les caméras de thermographie infra-rouge pouvaient, de manière efficace, devenir un outil d’auto-contrôle de la qualité de mise en œuvre sur chantier pour les entreprises du Bâtiment.
La réponse à cette interrogation n’est pas si simple à donner car un nombre non négligeable de paramètres doivent être pris en considération pour, tout d’abord, réaliser un bon thermogramme puis, ensuite, savoir l’interpréter justement, selon les conditions dans lesquelles ce dernier a été réalisé.
C’est d’ailleurs ce que rappelle notamment la fiche résumé de l’étude, disponible gratuitement sur le site Internet du programme RAGE 2012.
Tout au long de la dizaine de pages que comprend la fiche résumé, la CDPEA donne les principales recommandations qu’il est préférable de suivre pour une bonne utilisation de la technique de la thermographie infra-rouge, et notamment :
A l’heure actuelle, les caméras de thermographie infra-rouge disponibles sur le marché peuvent répondre au besoin de résolution thermique de 0,1°C, même en entrée de gamme.
Cette résolution permet de mettre en évidence des défauts thermiques pour des écarts de températures de l’ordre de 15°C. Toutefois, elles ne permettent pas forcément de déterminer avec précision les grandeurs thermiques relevées dans le domaine du Bâtiment, par manque de répétabilité satisfaisante.
Il est préférable d’opter pour une caméra qui permet de fusionner l’image visible et l’image thermique. L’offre de prix se situe entre 1 000 et 40 000 euros selon les caractéristiques de la caméra choisies.
En ce qui concerne les mesures, nous avons vu qu’elles doivent être réalisées par une personne compétente et ayant reçu les enseignements suffisants à la bonne réalisation de thermogrammes.
Cet expert devra ensuite rédiger un rapport thermographique, conforme à la norme NF EN 13187, c’est-à-dire préciser les 19 points donnés dans le chapitre 7 et notamment :
L’ensemble des 19 points est demandé lors de la réalisation d’essais destinés à contrôler les performances globales des bâtiments neufs ou après reconstruction d’un bâtiment.
Dans le cas d’audits sur chantiers de reconstruction, de contrôles de production ou d’autres contrôles de routine, le rapport pourra être simplifié (au même titre que l’essai) et ainsi ne contenir que 11 des 19 points.
* Construction Durable Performance Energétique en Aquitaine : il s’agit d’une association créée en 2006 par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux. Elle a pour rôle de créer et d’animer un centre régional d’accompagnement et de ressources dédié à la performance énergétique du bâti, qu’il soit neuf ou à rénover, à destination des acteurs de l’acte de construire.
Comme déjà précisé, la thermographie infra-rouge permet de mettre en évidence les déperditions thermiques présentes au niveau de l’enveloppe d’un bâtiment. Voici ci-dessous quelques exemples de réalisation.
Dans un bâtiment, l’inspection visuelle par thermographie infra-rouge peut s’avérer très intéressante pour mettre en évidence :
mais également pour vérifier le bon fonctionnement, par exemple, d’un plancher chauffant ou la surveillance du séchage d’une construction.