D’une manière générale, le plancher est l’un des points faibles actuels de la construction bois. Il est en effet très difficile de résoudre de façon satisfaisante l’équation économique, acoustique et volumétrique.
Quant au rez-de-chaussée des habitations courantes, la pratique courante recourt à une dalle en béton. Alors que la construction bois reste en France une niche, la construction bois avec plancher de rez-de-chaussée en bois ressemble à ... une niche de niche.
Après la publication d’un manuel de référence sur cette technique, édité par le centre de formation Bois PE, son auteur, Christian Fanguin, répond à nos questions.
Christian Fanguin : La dalle bois n’est pas très courante en France. Même au sein du marché de la maison individuelle en bois (environ 10% en volume), l’option dalle bois ne représente qu’une part de 5 à 10%. Mais on est parti de zéro il y a 25 ans.
La dalle bois est le standard dans d’autres pays où la construction bois est dominante dans l’individuel, comme par exemple les USA. J’ai contribué à la faire connaître en France au début des années 90, sachant que son intérêt est lié de façon intrinsèque au développement de la poutre en I.
Au tournant du siècle, le CNDB a adopté cette technique parmi ses spécifications MBOC et désormais, la refonte du DTU 31.2 (ouvrages à ossature bois) permet de l’intégrer dans les techniques courantes. La dalle bois est désormais adaptée à notre contexte, et elle se présente sous un jour nouveau.
Nulle autre solution ne permet d’atteindre aussi facilement une haute isolation thermique, notamment à l’aide de produits biosourcés ; le développement des technologies de micro-pieux lui est favorable. La réduction des opérations de remblai s’inscrit bien dans une époque respectueuse de l’environnement, de même que la perspective d’un démontage futur qui restitue facilement la surface occupée à l’environnement.
Christian Fanguin, responsable technique et pédagogique de Bois PE ©J.T
C. Fanguin : En construction bois, il y a deux approches, le travail sur l’inertie ou la réactivité thermique. La dalle bois s’inscrit clairement dans le second cas de figure. Il va de soi que la réactivité thermique ne prend son sens que dans des constructions hautement isolées, de performance passive.
Dans ce cas, il est facile de coupler une fonction de rafraîchissement sur la ventilation double flux. Les mesures que nous faisons depuis des années, chaque été, sur nos maisons-témoins passives au centre de formation Bois PE montrent que le coût énergétique de cet appoint est minime.
Par ailleurs, face aux chaleurs d’été, une construction bois à forte inertie thermique finira par se réchauffer au bout de quelques jours si elle n’a pas recours à un système de rafraîchissement.
Comme d’habitude, l’ouvrage est richement illustré de croquis techniques pédagogiques. ©Bois PE
C. Fanguin : Tous les fabricants de poutres en I disposent de logiciels de conception, le négoce peut pré-usiner les éléments qui sont livrés en kit à l’atelier ou sur site. En général, en préfabrication,on crée des modules de 2 m ou 2,40 m de large, longueur variable.
Le cadre qui encaisse les reprises de charge est en lamibois, support des poutres en I le plus souvent d’une hauteur de 240-360 mm. Il faut veiller à une mise hors sol permanente d’au moins 30 cm et anticiper sur les intempéries, surtout si l’isolation est faite à l’avancement.
Pour le temps de mise en œuvre, compter 45 minutes/m2, pour un coût de 90 à 120 euros/m2 avec une isolation d’un R supérieur à 6. Pas de spécification sismique, et le risque d’attaques par termites est paré par les techniques courantes. La précision géométrique de cette dalle simplifie le montage ultérieur de la structure en s’affranchissant des contraintes des dalles béton.
Exemple de solution de douche à l’italienne sur plancher bois en situation chez Bois PE. ©JT
C. Fanguin : Nous testons actuellement des solutions efficaces et pérennes pour des douches à l’italienne sur dalles bois, sachant qu’il faut bien sûr éviter toute infiltration d’eau dans la dalle sous des locaux humides.
On s’est également aperçu au fil des années d’un autre problème ponctuel lié au positionnement du pare-vapeur situé entre les solives et le panneau de plancher. De nombreuses pathologies ont été constatées, soit à cause d’un revêtement de sol qui faisait office de pare-vapeur, soit à cause d’un dégât des eaux entrainant un pourrissement du panneau de plancher. L’ouvrage que nous proposons revient en détail sur la façon d’éviter ce type de désordre.
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Bonjour, le plancher bois à ses avantages, dommage que les livres sur ce sujet présentent malheureusement la technique des poutrelles en I en bois avec âme en OSB comme le livre présenté, alors que le bois plein offre autant de facilités sans pour autant faire appel aussi au lamellé collé. Il suffit de voir qui collabore avec les organismes normatifs ou professionnels. La maison bois c'est aussi et souvent des charpentiers qui savent faire. Quid aussi de ces poutrelles en I dans le temps... Le bois peil a fait ses preuves depuis des siècles. Salutations.
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Je suis bien tenté d'acheter ce livre. Cependant, je crains malheureusement qu'il ne soit question que de conception de dalle en bois réalisée avec des produits d'ingénierie. Ce qui serait dommage, car l'utilisation du bois massif reste encore moins cher que de la poutre en I, du LC, Lamibois, etc.... Bien entendu, il a ses limites pour les grandes portées. Mais bien géré dans la conception de maisons individuelles, il trouve cependant sa place. Si l'on veut vulgariser la conception de la dalle en bois dans la maison individuelle, le prix reste le facteur limitant. Un produit comme le bois massif qui ne subit quasiment pas de transformation restera toujours moins cher et plus écologique.