Nous poursuivons notre décryptage des changements qui interviennent en ce début d’année 2025. Après avoir examiné les CEE, nous passons à l’énergie : le prix du gaz augmente, le tarif régulé de l’électricité va peut-être baisser ...
Au soir du 31 décembre, l’Ukraine a interrompu le transit du gaz russe à travers son territoire et à destination de l’Europe. En vertu d’un contrat qui se terminait fin 2024 et que l’Ukraine n’a pas renouvelé, la Russie lui versait plusieurs centaines de millions de dollars par an pour le transit, tandis que la Russie empochait un peu plus de 6 milliards de dollars par an pour la vente du gaz à des clients européens. Seulement 5 % de la consommation européenne de gaz transitait par ce gazoduc. Mais il a fait froid et les stocks de gaz en Europe sont loin d’être plein : ils sont remplis à 59 % en France, selon ENGIE. Résultat, le prix de gros du gaz sur le marché, tel que le reflète l’indice néerlandais TTF, qui a franchi les 50 €/MWh le 2 janvier 2025, soit un doublement en un an.
Selon la Commission Européenne, on ne devrait pas voir d’envolée du prix du gaz, même si à court terme, la fermeture de l’usine norvégienne de liquéfaction de gaz naturel – Hammerfest LNG – pour une semaine, depuis le 2 janvier, à cause d’une panne de compresseur, devrait aussi pousser le prix du gaz à la hausse. © GrDF
On peut s’attendre tout de même à une augmentation des prix de gros de l’électricité en Europe, dans la mesure où certaines centrales électriques fonctionnent au gaz. Selon RTE (Réseau de Transport d’Électricité), filiale d’EDF, le prix spot de l’électricité en France oscillera entre 80 et 140 €/MWh le vendredi 3 janvier 2025. Ce qui est inférieur au prix spot observé mi-décembre 2024, qui avait dépassé les 250 €/MWh.
En France, le bouclier tarifaire sur les prix de l’électricité se termine au 1er février 2025. Dans le même temps, le gouvernement Barnier avait prévu une hausse de la taxe sur la consommation d’électricité, mais l’article 7 du projet de loi de finances qui introduisait cette hausse a été supprimé par les députés (de toutes façons, nous n’avons pas encore de loi de Finances pour 2025). Cette taxe devait revenir à 32 €/MWh, contre 21 €/MWh aujourd’hui.
D’autre part, le TURPE (Tarif d'Utilisation des Réseaux Publics d'Électricité) doit aussi augmenter. Le TURPE est le tarif payé, via leur facture d’électricité, par les consommateurs (à la fois les particuliers, les petites et les grandes entreprises) pour l’utilisation des réseaux de transport et de distribution d’électricité.
Selon la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie), pour un client résidentiel, le TURPE représente actuellement environ 0,06€/kWh HT, soit de 20 à 30 % d’une facture d’électricité TTC moyenne, en fonction du prix de l’électricité. La CRE recommande une hausse "de 10 % en 2025, suivi de trois années de hausse à l'inflation". Ce réajustement du TURPE devrait intervenir en février au lieu du 1er août habituellement et provoquer une hausse des factures de 2 à 3 %. © PP
Au final, selon à la fois la CRE et le gouvernement Barnier, la facture d’électricité pour les clients au TRVE (Tarif Régulé de Vente de l’Électricité) devrait baisser de 14 %. Mais, ces opinions se fondaient sur une tendance à la baisse des prix de gros de l’électricité durant l’année 2024 et ne tiennent pas compte de la récente hausse des prix de gros du gaz naturel. Bref, à la fois en raison de l’absence de loi de Finances pour la hausse de la taxe sur l’électricité et des facteurs internationaux sur le prix du gaz, on ne sait pas exactement comment la situation va évoluer.
Par ailleurs, au 30 septembre 2024, dernières statistiques disponibles auprès de la CRE, en ce qui concerne l’électricité, environ 45 % des sites, sur un total de 40 millions de sites en France, sont en offre de marché, dont 31 % auprès d’un fournisseur alternatif. Dans le langage de la CRE, un fournisseur alternatif n’est ni EDF, ni Engie, ni une régie municipale. En ce qui concerne la consommation, sur un total d’environ 404 TWh, à la même date, environ 76 % de la consommation est fournie par des offres de marché, dont 43 % auprès d’un fournisseur alternatif. Une offre de marché est n’importe quelle offre hormis le TRVE. Le TRVE concerne tout de même encore 20,5 millions de foyers et 1,6 millions d’établissements d’entreprises. © CRE
Il nous reste de nombreuses évolutions à décortiquer :
– le tour de vis dans les ZFE existantes ;
– La création de nouvelles ZFE ;
– Les logements avec un DPE F ou G interdits à la location ;
– La structure de MaPrimeRénov’ en 2025 ;
– L’entrée en vigueur du décret BACS ;
– Le financement de l’apprentissage ;
– La REP Batteries ;
– La stratégie bas carbone, …