Vinci part confiant pour 2025 mais inquiet face à l'augmentation de la fiscalité

Vinci réalise en 2024 une performance de très haut niveau. © Vinci

Vinci a enregistré en 2024 un bénéfice net en hausse de 3,4 %, à 4,8 milliards d'euros, dopé par ses activités aéroports et énergie. Toutefois, le groupe demeure inquiet face à l'augmentation de la fiscalité.




Vinci, le mastodonte français du BTP que l'on ne présente plus, a enregistré pour 2024 un bénéfice net en hausse de 3,4 %, à 4,8 milliards d'euros, dopé par ses activités aéroports et énergie, et table sur une "nouvelle hausse du chiffre d'affaires et des résultats" pour 2025.

Toutefois, son PDG, Xavier Huillard, qui s'apprête à passer la main de la direction générale, a fait part de son inquiétude face à l'augmentation de la fiscalité sur les grandes entreprises en France, en disant craindre de la voir pérennisée.

Pierre Anjolras assurera la direction générale de Vinci après la prochaine assemblée générale du groupe. Xavier Huillard restera président du conseil d'administration.

 

 

 

Une performance de "très haut niveau" (dixit Xavier Huillard)

"Vinci a réalisé en 2024 une performance de très haut niveau", s'est félicité son PDG Xavier Huillard, au vu du chiffre d'affaires qui a progressé de 4 % à 71 milliards d'euros. "La progression du chiffre d'affaires s'est accompagnée d'une nouvelle amélioration des résultats en dépit de la nouvelle taxe sur les autoroutes françaises. Le cash-flow libre a quant à lui atteint un niveau record." (pour rappel, le cash-flow est le flux de trésorerie disponible).

"Dans un environnement économique et géopolitique plus incertain, le groupe dispose ainsi d'une bonne visibilité sur l'évolution de son activité et aborde l'année 2025 avec confiance et sérénité", a-t-il ajouté.

 

 

 

Porté par le rebond du trafic aérien et les performances économiques de la branche énergie...

Vinci a bénéficié de la poursuite du rebond du trafic aérien l'an dernier. Vinci Airports a ainsi vu son trafic annuel dépasser le niveau d'avant crise sanitaire et "affiche une hausse de sa contribution aux résultats" du groupe : 947 millions d'euros.

La performance économique de la branche énergie (Vinci Energies et Cobra IS, représentant près de 40 % de l'activité totale du groupe) "a été particulièrement tonique", ainsi que le souligne Vinci. "Elle profite de marchés très porteurs tirés notamment par la transition énergétique, la transformation numérique et les besoins croissants de mobilité durable", a souligné Xavier Huillard.

"Ces tendances de fond soutiennent également l'activité et les prises de commandes de Vinci Construction, dont la marge opérationnelle [...] a continué de s'améliorer en 2024", indique le groupe. Le chiffre d'affaires de cette branche Construction ressort à 31,8 milliards d'euros et la marge opérationnelle à 4,1 %.

 

 

 

... coulé par Vinci Immobilier

En revanche, Vinci Immobilier essuie une perte de 57 millions d'euros et son chiffre d'affaires recule de 7,2 % à 1,1 milliard. La hausse de l'activité au quatrième trimestre (+ 1,7 %) a permis de limiter la baisse sur l'ensemble de l'année.

Enfin, Vinci Autoroutes a connu un trafic stable "malgré les actions de blocage subies au premier semestre" et la mise en œuvre de la nouvelle taxe sur l'exploitation des infrastructures de transport de longue distance "a fortement pénalisé ses résultats", ressortis à 1,8 milliard d'euros pour un chiffre d'affaires de 6,58 milliards.

"La présence de Vinci à l'international s'est encore renforcée en 2024", a souligné Xavier Huillard :

– d'une part "Le groupe y réalise désormais 58 % de son chiffre d'affaires et la majorité de son résultat net" ;

– Et d'autre part "la part de l'international dans le carnet de commandes atteint 70 %".

 

À l'international, Vinci réalise, par exemple, la Ligne Ontario, une future ligne de métro de 15,6 kilomètres qui permettra de se déplacer plus rapidement et facilement à Toronto et ses environs. © Vinci

 

 

 

Fiscalité sur les grandes entreprises : le patron de Vinci s'inquiète à son tour

"C'est tellement facile de ne pas faire grand-chose pendant quelques décennies sur les dépenses pour ensuite s'apercevoir, au pied du mur, qu'on est dans une impasse et ensuite d'aller chercher l'argent là où il est plus facile à aller chercher, c'est-à-dire la poche des grandes entreprises visibles", a déclaré Xavier Huillard lors de la présentation des résultats annuels du groupe. "Est-ce que c'est rendre service à l'économie de notre pays sur le long terme ? La réponse évidemment est non", a tranché l'actuel PDG du groupe de BTP et d'énergie. Il rejoint là le chœur des grands patrons qui dénoncent une taxation du "made in France", comme le PDG de LVMH, Bernard Arnault, ou celui de TotalEnergies, Patrick Pouyanné.

 

Selon Xavier Huillard, la contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises annoncée dans le budget 2025 pour aider à réduire le déficit public de la France "est une taxe qui effectivement taxe les gens qui ont fait l'effort de produire en France". Pour Vinci, précise-t-il, elle représente une charge supplémentaire estimée à "environ 400 millions d'euros". © Vinci

 

 

Toutefois, "si cette taxe restait ponctuelle, c'est pas très grave, ce qui est ponctuel, ça s'absorbe. J'ai un petit doute de savoir si dans ce pays, on va dans l'année qui vient faire suffisamment de gestes sur le travail, sur les dépenses de façon à nous permettre de ne plus avoir à renouveler une taxe ponctuelle comme celle-là", a relevé Xavier Huillard. Il a également mis en garde contre les conséquences industrielles de cette fiscalité, tout en soulignant que la France restait un pays clé pour Vinci, notamment en matière d'investissements. "On est très attaché à la France, vous voyez qu'on y fait encore plus de 40 % de notre activité, c'est là où nous expérimentons, c'est là où nous développons de nouveaux métiers avant éventuellement de les exporter. C'est là où nous investissons encore énormément", a-t-il rappelé. "Mais néanmoins, dans le monde notamment industriel et notamment les industriels électro-intensifs, c'est vrai qu'on ne peut pas empêcher un certain nombre de gens de se dire que peut-être, s'ils ont un investissement à faire, il vaut peut-être mieux le faire à l'extérieur de la France qu'en France", a-t-il dit.

À bon entendeur ...



Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat

L'auteur de cet article

photo auteur Laure Pophillat
Laure Pophillat est rédactrice web polyvalente depuis plusieurs années. Curieuse, éclectique et investigatrice, tous les thèmes pertinents (et donc passionnants) l’intéressent ! Pour Bâtirama, elle rédige avec bonheur sur un large spectre de sujets couvrant l’entièreté de la filière BTP (actualités, conjoncture, réformes, innovations, etc.). Elle apprécie notamment réaliser des portraits de femmes et d’hommes engagés, inspirés et inspirants, dans un environnement, celui du BTP, toujours en mouvement.
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